En santé au travail, il est fréquent de recevoir en consultation des salariés qui remplissent le rôle de proche aidant, en plus de leur activité professionnelle et de leur vie familiale. Endossé naturellement, ce rôle pèse souvent lourd sur les épaules des salariés concernés. D’ici à 2030, 1 salarié sur 4 sera proche aidant. Pour France Travail, « l’aidance » devient un enjeu majeur du monde du travail. Quelques données sur ces salariés éprouvés et des pistes, pour les aider.
Êtes-vous un proche aidant ?
Un proche aidant est une personne qui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir des actes ou des activités de la vie quotidienne d’une personne en perte d’autonomie, du fait de l’âge, de la maladie ou d’un handicap.
Le proche aidant joue un rôle considérable dans la vie, le soutien ou encore le maintien à domicile de ces personnes, souvent au détriment de leur propre vie professionnelle et personnelle, de leur état de santé physique et psychologique.[1]
Les termes aidant familial et proche aidant sont souvent employés de manière interchangeable. Le 1er terme insiste sur le lien familial entre l’aidant et l’aidé et le 2nd terme désigne une proximité qui peut être moins précise.
Les proches aidants en chiffres
> Il existe entre 8 et 11 millions de proches aidants, en France et 61 % sont en activité.
> Près de 60 % des aidants sont des femmes.
> En moyenne, les salariés aidants sont âgés de 42,2 ans et consacrent 9,8 heures par semaine à s’occuper de leur proche âgé, malade ou en situation de handicap.
> 63 % des personnes aidées ne le sont que par des proches, 14 % uniquement par des professionnels et 23 % à la fois par des professionnels et des proches.
>Parmi les aidants âgés de 21 à 60 ans et qui sont donc en âge de travailler : 4 sur 10 s’occupent d’un parent (mère ou père) et les 6 autres sont répartis presque à part égale, entre l’aide apportée à un enfant d’au moins 5 ans, à leur conjoint ou à un autre proche.
> Plus de 50% des aidants qui travaillent estiment manquer de temps, mais seuls 14 % des aidants ont aménagé leur vie professionnelle, essentiellement en réduisant ou réorganisant leurs horaires de travail.
> Seuls 25 % des employés osent informer leur management de leur situation de proche aidant.
Situation d’aidance : des dénominateurs communs
Si chaque situation d’aidant est singulière, les travaux de recherche mettent en évidence plusieurs dénominateurs communs :
> Le vieillissement de la population aidant, les situations d’aidance deviennent courantes et leur nombre a tendance à augmenter.
> Les situations de proche aidant s’inscrivent souvent dans un temps assez long.
Les stratégies d’adaptation individuelles ne font pas appel aux mêmes ressources personnelles , sur le plan physique, mental, matériel, organisationnel et parfois financier, selon qu’il faille faire face à une situation de durée relativement courte, plutôt qu’à une situation qui se déroule sur le temps long (situation de maladie chronique et/ou évolutive, par exemple).
> Les répercussions sur la vie de l’aidant sont d’autant plus intenses qu’il existe un lien filial, ou parental avec l’aidé et que l’aidant et l’aidé vivent sous le même toit.
Les impacts de l’aide sur la vie professionnelle, sociale et familiale
Parmi les aidants en âge de travailler, 33 % déclarent que l’aide impacte leur vie professionnelle :
> 25 % des aidants prennent des congés pour aider leur proche.
> 20% des aidants (seulement) aménagent leur activité professionnelle.
> Le temps dédié à aider est souvent puisé sur le temps familial et de loisir, avec le lot de tensions que cet investissement au long cours peut générer entre l’aidant et son conjoint, ses enfants et ses amis et avec l’isolement et la culpabilité qui peuvent en résulter.
> L’aide peut conduire à limiter l’investissement dans la vie professionnelle, renoncer à certaines évolutions, voire rendre difficile l’accès ou le maintien dans un emploi stable.
Le travail peut être facteur d’équilibre
Comme dans tout parcours de vie et y compris dans la situation d’aidant, il arrive que la sphère professionnelle « fasse ressource », lorsque des difficultés d’ordre personnel surviennent.
Même si des conditions de travail satisfaisantes peuvent aider à faire face à une vie personnelle fortement contrainte par la situation d’aidant, l’équilibre obtenu ne résiste pas au temps souvent long de la situation d’aidance.
Des impacts non négligeables sur la santé
51 % des aidants estiment que l’aide apportée a un impact sur leur santé physique et 55 % sur leur santé psychologique et mentale.
>Fatigue physique chronique, maux de dos, palpitations, tachycardie, déclenchement ou aggravation d’une pathologie existante, troubles du sommeil, dérégulation de l’alimentation.
>Charge mentale, fatigue morale, épuisement émotionnel, solitude, symptômes dépressifs, stress, ou anxiété, agressivité, repli sur soi, difficulté à investir la sphère familiale et/ou socio-professionnelle, culpabilité, le tout accentué par une perturbation des habitudes de sommeil et une dette de sommeil chronique.
Les professionnels de la santé au travail à l’écoute
Lors de vos consultations auprès des médecins du travail et des infirmiers de santé au travail, n’hésitez pas à nous faire part de votre rôle d’aidant auprès d’un proche.
De même, les salariés reçus en Visite d’Information et de Prévention peuvent noter qu’il existe toujours une partie de l’entretien destiné à dépister des situations individuelles d’aidance, susceptibles de retentir sur la santé globale des salariés.
Votre médecin du travail peut émettre des recommandations
Les médecins du travail ont toute latitude pour recommander des aménagements de postes susceptibles de faciliter l’articulation entre les obligations personnelles de l’aidant et la vie professionnelle.
De même, nos assistants sociaux, dont le rôle est habituellement circonscrit aux questions sociales de santé au travail et de maintien dans l’emploi, peuvent vous aider à réfléchir aux dispositifs d’aide dont vous pourriez avoir besoin dans le cadre de votre rôle d’aidant.
En général, les employeurs favorisent la flexibilité
Chaque situation d’aidant est singulière. De manière générale, les médecins du travail constatent que, dans la mesure du possible, la majorité des employeurs sont volontaires pour faciliter la flexibilité et trouver des solutions organisationnelles compatibles avec les obligations personnelles de leurs salariés en situation d’aidance.
Dispositifs d’aides et ressources
Dans les documents ci-dessous, retrouvez, entre autres, les 3 sortes de congés qui existent pour soutenir les aidants, ainsi que les dispositifs en place, dans le cadre dans la 2e stratégie de mobilisation et de soutien 2023-2027.
Le congé de proche aidant (Service public)
Le congé de proche aidant, dans la fonction publique (Service public)
Aidants familiaux : vos droits (guide de l’UNAF)
Guide ministériel du proche aidant pour les agents de la fonction publique
Les aidants et les proches (sante.gouv)
Agir pour les aidants : 2e stratégie de mobilisation et de soutien 2023-2027 (dossier de presse 2023)
Handicap, perte d’autonomie : quels dispositifs sont proposés pour accompagner les aidants ? (Service-public.fr)
Podcast :
Plan Aidants, le 1er média qui donne la parole aux Aidants
Association française des aidants :
Sources :
L’aidance, enjeu majeur du monde du travail, France Travail, 22.04.24
Guide ministériel du proche.pdf (Fonction publique)
Besoin de répit, 17 Fiches-repère pour vous aider (2022),Ministère de la santé et des solidarités
Les proches aidants : une population hétérogène, les dossiers de la Drees, n°110, mai 2023
Cheneau, A. (2019). La diversité des formes d’aide et des répercussions de l’aide sur les aidants. Revue française des affaires sociales, 1, pp. 91-113.
Briard, K. (2017, décembre). Aider un proche : quels liens avec l’activité professionnelle ? Dares Analyses, 081
[1] Besoin de répit, 17 Fiches-repère pour vous aider (2022)