Covid-19 : masque chirurgical, FFP2, alternatif ? Le point sur les masques

Depuis le début de l’épidémie, le discours sur le port de masque a évolué. Lequel faut-il porter pour éviter la propagation de l’épidémie Covid-19 et se protéger? En France, les masques sont souvent portés dans un contexte professionnel (soignants, construction, industries du bois, du verre, garages, et bien d’autres) et nous sommes habitués à les voir comme tels. Ce sont des équipements de protection individuelle (EPI) qui répondent à des normes strictes et à des usages bien définis.

L’apparition récente du coronavirus Covid-19 interroge sur la nécessité de limiter le risque de contamination interhumaine grâce au port de masques dans l’espace public. Faisons le point sur les masques utiles contre ce coronavirus émergent.

Le masque chirurgical : pour tout le monde

Le masque chirurgical est un dispositif médical normé. En général, les masques chirurgicaux (à plis, en « bec de canard » ou en forme de coque moulée)  présentent  une face intérieure de couleur blanche, contenant un filtre et une face extérieure, de couleur bleue, ne contenant pas de filtre.

Sa durée de vie est en principe limitée à 3h ou 4h. Les masques avec liens à nouer derrière la tête assurent une meilleure étanchéité au visage que les masques à fixation auriculaire.

Éviter la contamination de l’entourage

Il bloque les gouttelettes et les postillons émis par le porteur, lors d’un éternuement, d’une toux ou simplement en parlant. Il n’est pas conçu pour protéger le porteur contre les particules virales en suspension dans l’air. Il protège l’environnement (air ambiant, surfaces et personnes de l’entourage) de celui qui porte le masque.

Les tests ont montré que lorsque ce masque est bien porté, son efficacité pour contenir la dispersion de gouttelettes lors d’un éternuement est plutôt bonne. Il permet donc de limiter la transmission des virus aéroportés (grippe, coronavirus…) par des personnes infectées.
(Source :  INRS).

Dans une note datant du 29 mars 2020, l’OMS confirme que « sauf situations particulières, la contamination par le coronavirus SRAS Cov2 s’effectue essentiellement via des gouttelettes, dont la portée est de l’ordre du mètre, et non via des particules plus petites qui restent en suspension dans l’air et qui peuvent donc avoir une portée plus grande. » Les masques chirurgicaux suffisent pour éviter de projeter des gouttelettes ou d’en recevoir sur le visage.

Port généralisé souhaitable

Il est établi que dans d’autres pays, la généralisation du port de masques chirurgical par l’ensemble de la population a largement contribué à limiter la propagation de l’épidémie.

Dans les semaines à venir, il sera souhaitable que la population française dans son ensemble porte un masque chirurgical dans l’espace public, afin de se protéger des gouttelettes propulsées dans l’air ambiant et de protéger les autres personnes présentes dans l’entourage.

Sources :

INRS, ED146
Note de l’OMS du 29 mars 2020

Les masques FFP : empêchent l’inhalation de particules nocives plus petites que les gouttelettes.

Les masques FFP (Pièces Faciales Filtrantes) sont des appareils de protection respiratoire normés et répartis en 3 classes de performance.

Un masque FFP empêche que l’utilisateur émette des gouttelettes potentiellement infectées dans son environnement et le protège également contre l’inhalation de particules fines en suspension dans l’air.

Ces masques sont conçus pour piéger et retenir les aérosols présents dans l’air. Le masque se colmate au fur et à mesure de son utilisation et c’est la raison pour laquelle il n’est plus efficace au terme de sa durée d’utilisation.

Les masques FFP font partie des EPI et sont utilisés dans de nombreux milieux professionnels, pour se protéger d’agents pathogènes allant de poussières diverses à des particules cancérigènes.

En particulier, les masques FFP, à partir de la classe 2, sont utiles pour protéger les soignants en contact prolongé et rapproché avec des patients atteints de la maladie Covid-19. Ces patients porteurs du virus ne peuvent pas toujours porter un masque chirurgical et l’air ambiant de la chambre est susceptible d’être contaminé. Pour rappel, l’efficacité et l’innocuité d’un masque FFP2 n’est garantie que si ce type de masque est porté dans le respect de règles précises.  

Les masques FFP : tous efficaces contre les gouttelettes potentiellement infectées

Il en résulte que toutes ces catégories de pièces faciales filtrantes sont efficaces pour protéger l’utilisateur des gouttelettes potentiellement infectées par le coronavirus SARS Cov 2 et pour protéger son entourage des gouttelettes qu’il émet lui-même.

Seules les catégories 2 et 3 permettent de filtrer les particules virales en suspension dans l’air respiré par l’utilisateur.

Note : Certains types de masques FFP sont munis d’une valve permettant à l’air expiré par le porteur de s’échapper plus facilement. Par conséquent, ce ne sont pas les masques à valve qu’il faut choisir, si l’on veut se protéger et en même temps, protéger l’entourage des gouttelettes qu’on est susceptible d’émettre soi-même.

Il convient que ces deux dernières catégories de masques FFP (2 et 3), plus onéreuses et moins confortables que les autres masques précités  soient utilisées par les professionnels en contact prolongé et rapproché avec des personnes malades, ainsi que par les professionnels habituellement exposés à des particules nocives, dans le cadre de leur travail.

Les masques alternatifs : en attendant …

Dans le cadre de la pandémie Covid-19, la notion de masques dits alternatifs est née en France du besoin de faire face à la pénurie de protections respiratoires normées. Un certain nombre d’entreprises ont modifié leurs lignes de production, en vue de produire des masques répondant aux critères définis par des groupes d’experts.

Les masques barrières en tissu :

Dans un précédent billet d’actualité, nous vous avons recommandé le référentiel et les patrons élaborés par l’AFNOR avec le concours de plus de 150 experts. Désormais, les professionnels peuvent obtenir ces masques en s’inscrivant sur la plateforme masques-barrieres.afnor.org.

La réouverture des commerces de détail de textiles en magasin spécialisé est autorisée par décret du 23 avril 2020 pour permettre aux particuliers souhaitant confectionner leurs propres masques en tissu de s’approvisionner en matières premières .
>Motif de déplacement dérogatoire : « Achats de première nécessité »

Les masques non sanitaires dits « grand public »:  

Par une note d’information du Ministère de la santé, de l’économie, des finances et le Ministère du travail datant du 29 mars 2020, 2 nouvelles catégories de masques à usage non sanitaire ont été créées. 

  • Les masques filtrants individuels à usage des professionnels en contact avec le public.
  • Les masques filtrants de protection à visée collective pour protéger l’ensemble d’un groupe (sans contact avec le public).

Ces masques empêchent l’émission de gouttelettes dans l’environnement et protègent l’utilisateur des gouttelettes fines, en complément de mesures relatives à l’organisation du travail et à l’application des gestes barrière.

Comme indiqué dans notre billet d’actualité, ces masques peuvent être commandés via la plateforme B2B Stopcovid19.

Porter un masque, de toute façon

Dans les situations de vie quotidienne (aller faire ses courses, marcher dans la rue…), le port de masque chirurgical est souhaitable pour toute la population. En l’absence de masques normés, les masques alternatifs permettant de se cacher le nez et la bouche doivent être portés pour empêcher la dissémination de gouttelettes infectées.

Dans les situations de contact rapproché et/ou prolongé avec le public (exemple : trajet en Métro), le port d’un masque chirurgical ou d’un masque alternatif, dans le strict respect des règles concernant le port et le déport de masque, le lavage des mains et les mesures de distanciation.

Dans les situations de contact avec une personne atteinte de la maladie Covid-19, le port de masque chirurgical par le malade et l’isolement de celui-ci dans une pièce du logement est préconisé. Dans l’idéal, l’entourage devrait porter un masque FFP2. Cependant, en l’absence de masque FFP2, le port d’un masque chirurgical, voire d’un masque alternatif est souhaitable.

Dans les situations de contact avec une personne vulnérable (personnes âgées et/ou atteintes de maladies chroniques, susceptibles de développer une forme grave de la maladie), le port de tout masque permettant de se couvrir le nez et la bouche et de ce fait, empêchant  la propulsion de gouttelettes potentiellement infectées vers la personne vulnérable est recommandé (on rappelle que certains porteurs du virus ne présentent aucun symptôme).

Note : l’efficacité et l’innocuité du port de masque (quel que soit ce masque) dépend en grande partie de l’application des gestes barrières, du respect des mesures de distanciation, du bon usage du masque (port et déport du masque, respect de la durée d’utilisation, stockage et entretien (pour les masques en tissu), ventilation des locaux (évacuation des aérosols éventuels). Ces recommandations feront l’objet d’un billet ultérieur.

Ce billet vous est proposé par le Dr Bernard Kriegel, Directeur Médical et Technique et Anne Clarisson, infirmière de Santé au Travail.

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